Par Radio-Canada, www.radio-canada.ca, Mis à jour le: 25 octobre 2010 10:19
France - Accord sur la réforme des retraites
En France, une commission mixte Assemblée nationale-Sénat a réussi lundi à harmoniser les deux versions des textes de la réforme des retraites, projet qui est à l'origine de l'important mouvement de protestation qui se déploie dans tout le pays.
Le texte commun arrêté par sept députés et sept sénateurs devrait être voté mardi au Sénat et mercredi à l'Assemblée nationale. Le projet de loi réformant les retraites aura alors été adopté de manière définitive par le Parlement et il ne restera au plus au président qu'à la promulguer.
Le Parti socialiste n'exclut cependant pas de saisir le Conseil constitutionnel de la question, ce qui pourrait retarder cette dernière étape, prévue jusqu'à nouvel ordre pour la mi-novembre.
Le projet de loi prévoit notamment que l'âge minimal du départ à la retraite passera de 60 à 62 ans. L'âge légal pour une retraite à taux plein sera aussi repoussé de deux ans, pour s'établir à 67 ans, peu importe la durée des cotisations versées par le contribuable.
Le fait que l'adoption de la réforme semble toujours inéluctable ne décourage cependant pas une bonne partie des syndiqués, qui demeurent mobilisés, particulièrement dans le secteur stratégique des hydrocarbures.
Selon l'Union des importateurs indépendants pétroliers, un tiers des 12 300 stations-service du pays manquent d'au moins un carburant, en raison des arrêts de travail décrétés dans les raffineries et du blocage de dépôts de carburant. Cette proportion était auparavant de 25 %.
La dégradation de la situation s'expliquerait par le fait que les pompes n'ont pu être réapprovisionnées dimanche, les chauffeurs de camions-citernes étant légalement tenus d'observer un jour de repos dimanche. La proportion de stations d'essence touchées devrait revenir à 25 % lundi.
Selon l'Union française des industries pétrolières (UIP), la France est actuellement contrainte d'importer 100 000 tonnes par jour de produits pétroliers, soit quatre à cinq fois plus que d'habitude.
La situation pourrait cependant s'améliorer. L'UIP a déclaré à l'agence Reuters que plus aucun dépôt de carburant hors raffinerie n'était bloqué dans le pays. Plusieurs des sites bloqués avaient été libérés par les forces de l'ordre au cours des derniers jours.
Qui plus est, les syndiqués de l'une des douze raffineries du pays qui étaient en grève la semaine dernière, soit celle de Reichstett, dans le Bas-Rhin, ont voté lundi la fin du mouvement et le déblocage des dépôts.
Les syndicats français ont tout de même promis d'aller « jusqu'au bout » de la contestation, avec de nouvelles journées nationales d'action jeudi et samedi. De nouvelles manifestations étudiantes doivent aussi avoir lieu mardi.
Selon la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CPGME), une organisation patronale, les grèves contre la réforme des retraites ont déjà coûté plus de 4 milliards d'euros à l'économie française.
Selon la CGPME, « prolonger le mouvement actuel est clairement faire preuve d'irresponsabilité ». « Que les adeptes du blocage social ne viennent pas ensuite donner des 'leçons de dialogue social' (aux entreprises) ou leur demander des efforts supplémentaires! », ajoute-t-elle.
La ministre française de l'Économie, Christine Lagarde, estime pour sa part que les mouvements sociaux coûtent de 200 à 400 millions d'euros par jour à l'économie française. Compte tenu des huit jours de débrayage, la facture se situerait donc entre 1,6 et 3,2 milliards d'euros.
Radio-Canada.ca avec Agence France Presse et Reuters